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Elegantia Poetia
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21 octobre 2005

Hommage - Little Blind

un hommage à celui qui m'a convaincu de continuer à écrire

Hommage.

Personne comme lui ne m’a autant marqué. Impossible pour moi de l’oublier. Son nom résonne comme dans une église. Je me souviens de ce passionné. Ma seule fierté a été de l’avoir connue. Ma seule envie est de ne pas le décevoir. Comme lui je veux être à jamais humble et modeste mais tristement romantique.
Audace et culot sans arrêt. C’est lui. Tout lui dans quelques mots. Expressivité jamais excessive mais tranquillité contenue dans ce corps expressif. Tsunami du savoir et bibliothèques engagées. C’est lui. À jamais humble et modeste mais tristement romantique.
Monsieur Chapelle est mort ! Vive Monsieur Chapelle ! Il est plus là. La salle 307 de Camille Vernet a perdu un homme. Mais elle a gagné un spectre. Tout ce qu’il a été plane au dessus des nouveaux élèves. C’est dommage, ils ne se connaîtront jamais. Les élèves insouciants d’un côté, un prof à jamais humble et modeste mais tristement romantique.

Tu es sur cette route. Seul. Il fait nuit, tu ne vois rien sinon tes rêves. Mais ils t’aveuglent doucement, tranquillement, patiemment, presque gentiment. Ces rêves qui sont les tiens, tu veux les partager. Mais avec qui ? tu es seul sur cette route. Tu ressens l’odeur du goudron frais que la pluie légère fait remonter. Tu ressens encore une fois. Ces rêves t’aveuglent. Et tu le sais bien.

Personne comme lui ne m’a parlé des mots. Comment faire aimer les mots à des enfants ? Comment expliquer la valeur d’un livre ? L’illumination lui a pu l’a donné. Il illumine les pages, les lignes, les phrases de ces paroles dont peu de personnes ont le secret. Il enseigne comme il aime la vie. Il a été. C’est important.
Attentionné. Une des qualités perdue de ce monde. C’est lui. Stimulateur des mots inexprimés. Ouragan de courage pour ces jeunes. C’est lui. Un cœur battant la chamade derrière ces lunettes rondes. Une écharpe en été. C’est lui à jamais humble et modeste mais tristement romantique.
Monsieur ! Que dire ? Peu de professeurs ont leur salle. Il l’avait, la sienne, bien présente. Les souvenirs sont toujours là. Mais qui saura les lire, les sentir, les comprendre, et les admirer ? cette histoire c’est la sienne. Personne ne peut la raconter. Tout le monde peut la raconter. Chacun à sa manière. Homme de mystères mais ouvert. Ton histoire est à jamais humble et modeste mais tristement romantique.

Mais que fais-tu sur cette route ? Non, ne me dis pas. Sinon je te suivrais. Tu devrais faire attention. Tes rêves, tu en es prisonnier. Ils te cachent ta réalité. Penses un moment aux autres. Cette route noire, tu ne la connais pas. Tu ne sais pas ce qui s’y cache. Tu ne sais pas ce que tes rêves te cachent. Partage ce que tu sais déjà. Ne cherche pas l’absolu. Je te tends la main. Quitte ce chemin qui n’a pas de fin.

Personne ne l’a vraiment vu. Moi-même je ne l’ai pas vraiment vu. Je connais que la face visible. Face visible d’un homme. Je pense que connaître quelqu'un est vraiment dur. Ma seule envie est de le raconter. Tel que je l’ai vu. À moitié lui-même, à moitié quelqu'un d’autre.
Effacé et distant. Un paradoxe dans un être humain. C’est lui. Penseur sans pensées. Concept turbulent sans frein. C’est lui. Dualité destructrice et trop violente pour un cœur sensible. Montagnes d’émotions aigues, torrents de sentiments, avalanche d’espérance cachés dans ces livres. C’est lui. Autant de qualificatif à jamais humble et modeste mais tristement romantique.
Monsieur ? Qui se souviendra de vous ? Les gens vous ont lu dans le journal. Les gens oublient les journaux. Mais nous ? Nous sommes là. Il est dans nos mémoires. Il aura au moins gagné un havre de tranquillité. Libéré des limites, libéré de son corps, présent dans milles lieux à la fois. Lieu à jamais humble et modeste mais tristement romantique.

Tu es en danger. Mais tu le sais. Tu te mets en danger volontairement. La route tue. Ironiquement tu restes sur cette route. Tu marches le long de la ligne blanche. Tu es ivre de tes rêves. Il illumine ton chemin. Mais regarde. Fais attention. De la lumière au loin. Fais attention. Tu ne sais pas ce que c’est. La route est dangereuse. Tu as encore le temps de revenir. Pourquoi t’obstines-tu ?

Personne ne l’a entendu ? Le chant de la vie. Son chant. Mon chant. Je le chante en respirant. Vivre ses cours a été merveilleux. Maintenant je connais la mélodie de la langue. J’essaie d’apprendre ce chant qu’il a initié. Ma voix s’enroue, mais il corrige la trajectoire des mots. Des mots à jamais humble et modeste mais tristement romantique.
Fragile mais fort. Comment associer les deux ?  C’est lui tout simplement. Simple mais pas dénué de sens. Enclume de vérité dans un monde de légèreté. C’est lui. Une ombre, un voile, une brume, comme une brise d’été à jamais humble et modeste mais tristement romantique.
Monsieur que me vaut ce plaisir ? Comment faire dans cette salle sans vous ? Sans lui Stendhal et Hugo ont un goût amer. Sans lui le plaisir de lire, de devenir un lecteur, de partir à l’aventure à l’abri des pages d’un livre n’est que futilité, plaisir éphémère et illusion. Comment ouvrir ce livre à jamais humble et modeste mais tristement romantique.

C’est une voiture qui arrive en face de toi. Tes rêves ne sont plus assez vivaces pour la cacher. Ou alors la réalité est trop dure pour les rêves. Ne cherche pas la réponse trop longtemps. Tu joues avec la vie. Tu te joues de la vie. Seulement, n’oublie pas qu’à ce jeu, il n’y a qu’un seul gagnant. Mais que fais-tu ? Tu es aveugle. Sors de tes rêves. Ne les oublie pas mais sors-en. Peux-tu quitter cette route qui ne te mène nulle part ? Serviteur de la vie, héraut de l’amour, esclave des mots. Cesse de proclamer des rêves.

Personne ne peut être comme lui. Ma mémoire se ne trompe pas. J’ai été heureux à ses cours. Seuls ses élèves ont su et savent qui pouvait se cacher derrière lui. Difficile moment de la vie lorsque je suis confronté à moi-même. Personne comme lui ne savait faire se rencontrer les gens face à eux-mêmes. Ils ont été à jamais humbles et modestes mais tristement romantiques.
Triste et heureux. Comme preuve d’un manque de quelque chose. C’est lui. Homme à écharpe jouant avec les mots comme un as du poker avec ses cartes. C’est lui. Ce bout du monde solitaire. Cette corde sensible vibrant sous les doigts du harpiste. C’est elle sa mélodie à jamais humble et modeste mais tristement romantique.
Monsieur c’est vous. C’est de vous dont les anciens se souviendront. Il a marqué pour l’éternité les lieux de son passage. Le temps témoignera de ces réalisations. Il n’a pas montré ses réalisations, mais nous les ressentons. Elles sont présentes en nous, comme lui habite dans nos mémoires. Mémoires à jamais humble et modeste mais tristement romantique.

Pourquoi tu cours vers la voiture ? Tu pourrais essayer d’y échapper. Tu raccourcis ta vie, et tes rêves. Tu cours à ta ruine. Où va aller l’admiration que j’ai pour toi ? La vie est trop courte pour toi. Ou peut-être pas assez courte. Tu veux vivre tes rêves. La voiture arrive. Tu cours sur la ligne blanche de tes rêves. Ils contrastent avec le bitume noir de la route. Lentement tu t’arrêtes. Tu fermes les yeux. La voiture te fauche. Elle t’emporte au loin. Mais tu restes avec nous. Ou bien ce sont tes rêves.

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Commentaires
F
C'est touchant...<br /> Deux personnes proches de moi connaissaient cet homme, j'en ai entendu le plus grand bien, j'ai pû lire par hasard, dans la presse locale les tragiques évênements...<br /> En tous les cas, tu as su m'émouvoir.
G
A quand un nouvel article?
Y
je trouve que tu sais t'y prendre...
G
j'aimerai pouvoir écrire un si joli hommage pour les gens que j'aime
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